MOISSONS




MOISSONS

MARIE LAURE BRESSUIRE


***


 © ROSELYNE PATINET, née VINCENT


RACINES
Moissons de l’aube
Journal

  

Les fleurs ? Si je les aime ? Mais oui !
 
Ce sont de belles, agréables compagnes de la terre et de la vie ! Mais de toutes les fleurs – du reste, je ne sais pourquoi – j’aime particulièrement l’humble marguerite des champs. Vous allez peut-être trouver mon idée ridicule, mais j’aime mieux les fleurs des champs que celles des jardins. Bien sûr, une rose orgueilleuse dans sa robe de velours et son corselet vert, un brin de muguet aux grelots d’argent, un iris dans sa fragile robe de satin, un brin de lilas aux yeux de violettes, sont certainement plus jolis qu’une fleur des champs.
 
La demeure de la marguerite est dans les champs. Parfois, comme perdue dans un rêve, son cœur d’or est penché vers la terre, ou bien levé vers un ciel d’azur qu’elle semble interroger. Sur son élégante tige ses languettes d’ivoire rappellent les temps lointains ou les gentilshommes portaient des collerettes. Elle met une note claire dans les prés comme dans les appartements. Mais beaucoup d’enfants la font souffrir, en lui arrachant ses pétales.
 
Je l’aime, car elle est jolie, et surtout elle semble douce, agréable à voir. Grâce au souffle du vent printanier, elle naît dans les champs, et la nature a voulu qu’elle soit une des plus belles fleurs rustiques.
 
Aujourd’hui, la journée est plus accablante que jamais. Juin fait briller un soleil de plomb aux rayons ardents… Les fleurs aux fragiles collerettes, se penchent vers la terre, comme courbées pour une prière, elles semblent implorer le ciel pour qu’il leur donne à boire… Étendus de tout leur long, la langue pendante, les chiens expriment qu’ils ont chaud dans un « ah ! ah ! », régulier… Les rues sont silencieuses, personne n’est dans les champs. Tout est tranquille, car les gens, fatigués, n’ont le goût de ne rien faire, et, énervés, ils cherchent un refuge à l’ombre…
 
Enfin, ce soir-là, un grand vent doux et léger se lève, vient chasser les nuages noirs qui exprimaient un orage certain, mais qui ne fut pas.
 
À l’horizon, le grand disque d’or du soleil se couche dans un brasier de pourpre, sillonné de rose… Alors, tout semble revivre, les fleurs relèvent leur petite tête et s’empressent de se parler… Les bêtes s’amusent, et les gens sortent pour respirer l’air frais, reprendre leurs forces, et écouter dans les prés lointains le cri du crapaud, le doux chant des rainettes, le cri-cri des grillons…
 
Dans l’air serein, les gais oiseaux chantent leurs plus douces symphonies, les plus belles, ce qui rend touchant et plus beau encore ce soir imprévu, un beau soir d’été où resplendit une nuit calme, pointillée de scintillantes perles d’or…
 
Lumineux en sa robe pourpre, le cœur d’une rose d’automne s’abreuve d’azur une dernière fois.
 
Une quenouille d’émeraude striée d’or : tel est le chêne de la forêt...


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