A LA RECHERCHE DE L'ABSOLU



A LA RECHERCHE

DE
L’ABSOLU


  © PATINET THIERRI ERIC

 


D’Absolu
 (extrait)

 

Sifflaient quelques vents d’Ouest dont parfois le chœur enchantait notre vieille chaumière, puis se turent alors que mes yeux s’ouvraient, pénétrés d’une vive allégresse.
 
Le clair jour annonçait à la vallée endormie l’Éveil d’une journée magnifique, aux fenêtres de ma chambre lançait un appel…
 
Sitôt levé, je me précipitais au dehors afin de savourer le cristal de cette aube, marchais vers la rivière, m’y plongeais afin de faire taire les derniers soupçons de la nuit qui sur ma peau s’égaraient encore.
 
De retour à la berge, aux chauds rayons du soleil naissant, je me laissais sécher. Mes yeux humides scrutaient l’azur, le vol gracieux des oiseaux de passage, les feuilles multicolores aux frondaisons de l’éther, les signes fragiles des abeilles bourdonnantes, le lac de l’infini. Heureux, je m’épanouissais à la Vie, fermais les yeux, détendais mes membres, laissais le vide s’instaurer en mes moindres sillons vivants afin de parfaire à l’harmonie qui m’environnait.
 
Une heure passait puis deux sans que je sente le besoin de m’enlever à cette douce communion, et cela aurait pu se poursuivre indéfiniment si un sourd bruissement provenant des falaises toutes proches ne m’avait incité à regarder autour de moi.
 
Plus étonné qu’inquiet, je me levais afin de comprendre la raison de ce bruit dont jamais notre lieu, d’aventure, n’avait eu à subir la servitude. C’est alors…
 
Mais comment décrire l’indescriptible ? Le royaume de nos mots me semble si restreint que je n’ose par ses odes emplir ces pages de la vision qui me fut permise de voir et savourer. Mais, garder le secret de mon extase serait faire défaut à la vérité, le dire en paroles de même, car on ne me croirait pas, l’offrir à la musique, peut-être, mais l’imagination serait-elle assez forte pour en connaître le dessein? Alors le peindre, peindre l’Absolu, mais existe-t-il une toile assez grande pour embraser le firmament des regards ? Non! Il me faut donc le décrire et ce n’est pas sans difficultés, car qui a vu une seule fois, risque de se tromper dans sa description ou se laisser emporter par l’ivresse ou le mensonge…
 
C’était un nuage poudré de mille fleurs sauvages aux parfums d’une douceur inouïe, acheminé aux vestiges de la falaise blanche, tendrement enlacé aux courses fidèles des flots Océaniques.
 
À sa poupe dressée, une hirondelle bleue chantait un hymne Divin dont mon âme s’imprégnait avec tant de ferveur que j’avançais son recueil afin d’en connaître le mystère.
 
D’un pas tremblant j’allais vers ce nouveau paysage, pays inconnu et pourtant de moi-même car de ma plus tendre enfance à mon âge d’homme il fut mien et pérennité de mes marches infatigables.
 
Une nuée de papillons s’enfuit de son corps de nef, vint à ma rencontre. Les ailes soyeuses de ces lépidoptères aux couleurs enivrantes semblaient me désigner un chemin, tournoyaient autour de moi puis repartaient vers l’azur de leur Site avant de revenir vers moi, inlassablement.
 
Je suivais leur course, hagard et émerveillé, ne reconnaissant plus les sillons qui tout à l’heure furent mon réveil. Une rosée semblait les recouvrir et les épanouir : l’arbre avait grandi, la ramure de ses branches distillait un vertige de miel, la terre avait germé, sa sève couvrait de rayons multiples des plantes toutes plus belles les unes que les autres, l’azur avait rejoint l’immaculé, son ambre transparent envoyait aux étoiles un message, le fleuve avait débordé ses rives, son eau cristalline dansait le reflet du monde au son d’une harpe inconnue, la faune avait mué, douceur envahissait ses chants tandis que l’Œil de la Vie contait son entente.
 
Les questions qu’à cette heure j’aurais dû me poser ne tourmentaient nullement mon esprit comme si tout ce que je voyais était normal, dans l’ordre naturel des choses.
 
Plus le mystère se rapprochait, plus mes pas devenaient rapides, la Nature, elle-même, semblait comprendre cette action, car maintenant ces éléments se déchaînaient. Les papillons dressaient leurs antennes, alors un grand frisson traversa mon corps, puis dans mon Esprit tout explosa : le mauve des couleurs ruisselait de perles scintillantes, l’herbe verte, hier, se couvrait d’irisations bleuies, l’azur s’écartelait pour m’offrir son visage fantastique. Je sombrais dans l’inconscience en espérant que la folie ne m’avait pas atteint…
 
Combien de temps restais-je en sommeil? Je ne saurais le dire, mais lorsque le réveil s’imposa à mon esprit, je me découvrais couché sur une prairie de mousse tendre, dans un lieu inconnu resplendissant d’une merveilleuse couleur apaisante, irisé d’un flot voilé dont la lumière ne correspondait à aucune lumière vécue.
 
En me levant, je m’aperçus que ce que j’avais pris pour une prairie n’était en fait qu’une pièce étrange et immense, alors je courais aux quatre coins de cette surface pour trouver une sortie, n’en trouvais point. Je criais à tue-tête pour que l’on m’entende, personne ne répondait à mon appel. Je frappais les murs qui, à mon grand découragement, s’avéraient être sans réalité, essayais de les franchir, en vain, car dès que je portais mes mains en dehors de leur fixité, une force m’empêchait d’avancer plus avant. Où étais-je ? Qui me retenait prisonnier ? Qu’avais-je fait pour mériter cette prison?
 
De questions en questions, j’appareillais vers un autre Univers, un de ceux dont parfois parlent les Sages, un de ceux auxquels jamais mon esprit n’avait cru, celui des féeries, d’outre-tombe, du cosmique, dont le rappel me narguait comme nargue un Maître la prétention à tout savoir d’un bon élève.



 


Table


 
À LA RECHERCHE
DE
L’ABSOLU
 
 
Prélude
***
Éther
2027
D’Orbe, violence
Épars
Désertion
Ionique
Angoisse et Renouveau
D’Extase
Rêve perle
L’Être
D’une course Terre
Vierges
Nuit d’Océan
À la recherche de l’Absolu
Espérance Songe
Attente
D’Absolu
L’Aube
 
Final
*** 


 
 
 
 
 

Paris le 07/01/1976
Le Pecq le 24/06/1984
Refonte 21/03/2003
05/05/2004

2018
Vincent Thierry


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